Bonjour à tous,

Il y a quelque temps, l'association, utilisatrice des services d'Ecomail, est venue présenter son activité sur le forum communautaire. Nous avons décidé de les ajouter à notre programme de dons pour les aider dans leurs démarches pour notre environnement.

Aujourd'hui nous avons le plaisir de réaliser une interview de l'association "Les Autruches Utopistes" pour laquelle nous avons réalisé un don de 1000 euros !


Comment est née l'idée de créer l'association « Les Autruches Utopistes » ?

Nous sommes trois amis : Charlotte, Hélène et Pablo. Nous nous sommes rencontrés au Cambodge dans le cadre d'un projet d'éducation à l'environnement, Plastic Free Cambodia. Nous venons tous les trois du monde de l'audiovisuel et du numérique et sommes écolo dans nos vies quotidiennes, sur le chemin du zéro déchet. Pendant les quatres années où nous étions au Cambodge il s’est passé plein de choses en France (plus de magasins vrac, plus de mouvements écolo, plus de groupes zéro déchet...) Alors à notre retour en France, nous voulions utiliser nos compétences professionnelles au service de cette cause. Chef de projet web, concepteur rédacteur, réalisateur vidéo : nous avons vite trouvé notre utilité ! Fonder une association pour promouvoir le zéro déchet comme outil social et collectif avec des outils médiatiques et numériques. L’asso existe depuis mars 2019.

D'où vient le nom que vous avez donné à votre association ? Que représente-il pour vous ?C'est une bonne question ! On a lu le livre "Syndrome de l'autruche" de George Marshall et on a compris que nous étions tous un peu des autruches en ce qui concerne le dérèglement climatique, parce que notre cerveau a du mal à agir, nous pousse vers le déni. Après on a fait des recherches et on a compris que l'expression "faire l'autruche" est en fait erronée, les autruches ne se mettent pas la tête dans le sable parce qu'elles ont peur (je vous laisse chercher les raisons !). On s’est aussi inspiré d’une autre lecture, centrée sur le revenu universel, “Utopies réalistes” de Rutger Bregman. L’utopie nous permet d’imaginer des futurs possibles. Nous sommes donc devenus Les autruches (comme tout le monde) mais utopistes !

Quelle est votre expérience en matière de « Zéro Déchet » ?

Nous sommes trois dans le bureau de l’asso et nous avons trois expériences différentes. Mais en revenant d’Asie nous avons vécu tous les trois dans le même appartement en colocation donc on a vite partagé de bonnes habitudes (achat des aliments en vrac, vêtements seconde main, tri des déchets organiques...). Mais il faut dire que c’est Hélène qui est la plus forte en zéro déchet ! Elle sait faire de la lessive maison, du produit vaisselle, des tawashis, du compost, du jardinage potager et j’en passe !! Dans notre vie quotidienne et dans nos déplacements pour les tournages et les interviews (qui se font en transports publics, en train et en vélo) nous utilisons toujours des gourdes et des bocaux pour nos pique-nique. On a aussi rejoint des groupes de Zero Waste France à l’échelle locale à Bordeaux et à Nantes. L’association est également adhérente de Zero Waste France.

Pourquoi avoir choisi d'orienter votre projet multimédia, nommé « De l'Autre Côté », sur le « Zéro Déchet » ?

En étant bénévoles pour une association au Cambodge, on a eu la chance de rencontrer plein d’autres bénévoles, de personnes qui voulaient changer les choses en matière d’alternatives au plastique jetable et des gens sur le chemin du zéro déchet d’abord en Asie. Et en France également à notre retour. En parlant avec eux on a compris que le zéro déchet a été pour eux la porte d’entrée vers plus de changements et de remise en question. Ils ont commencé par exemple par le dentifrice ou les produits de beauté faits maison et ensuite petit à petit en tirant le fil de leur réflexion ils changent toute leur consommation (vêtements, technologie etc.) et certains s’interrogent même sur leur travail et son utilité ! La réflexion mène loin ! C’est donc ce qui nous a inspiré. Est-ce que le zéro déchet peut être une porte d’entrée vers un changement collectif et sociétal.

Quel est le but de ce projet multimédia ?

Le but est de répondre à cette question : est-ce que le zéro déchet peut être une porte d’entrée vers un changement collectif et sociétal ? à quoi ressembleraient nos villes et nos villages s’ils étaient zéro déchet ? Nous voulons documenter l’action des citoyens, entrepreneurs, élus, bénévoles, professionnels qui oeuvrent pour une vie collective zéro déchet. Sur les 8 épisodes, nous verrons donc des membres d’un lobby citoyen, des collecteurs de bio déchets, des vendeurs vrac, des bénévoles de Zero Waste France, des réparateurs d’objets, des concepteurs, des inventeurs low tech etc. Nous voulons montrer que c’est possible et qu’on peut faire la différence en commençant par s'intéresser aux déchets parce que c'est le reliquat d'une partie de notre consommation quotidienn​e​. C’est un point de départ vers un plus gros changement. Nous aimerions que les personnes qui visionnent nos vidéos, lisent nos articles, écoutent nos podcasts, découvrent nos illustrations qu’ils peuvent eux aussi agir dans cette direction. Le problème du dérèglement climatique est immense et le zéro déchet offre une porte d’entrée facile à ouvrir parce que le changement est visible immédiatement !

Quelles sont les actions que vous avez mis en place ainsi que les prochaines à mettre en place pour atteindre votre objectif ?

Nous aimerions toucher le plus de personnes possibles. Pour cela nous organisons ou rejoignons des événements, projections, débats (donc offline) ! Depuis l’année dernière nous avons participé à 7 événements. En mars 2020 nous allons projeter notre premier épisode durant la Fête du court à Lyon et à Paris. Sur internet, nous sommes présents sur les réseaux sociaux et travaillons avec une association qui forme des détenus au code : Code Phénix (​https://codephenix.fr/)​ pourledéveloppementdelaplateformequivahébergernotrewebsérie documentaire. Ce printemps nous organisons une campagne de financement participatif avec J’adopte un projet (​https://jadopteunprojet.com/​). Même si notre temps et notre travail resteront bénévoles et que nous avons déjà des mécènes venant du monde du zéro déchet et le soutien d’Ecomail, nous avons besoin de financer les dépenses engendrées pour la production du projet, pour nos déplacements lors de tournages et l'organisation d'événements. Ces événements sont indispensables pour atteindre le plus de monde possible et ainsi faire émerger et construire une communauté autour de ce projet.

Quels supports allez-vous utiliser pour diffuser vos médias ?

Nous sommes en plein développement de la plateforme web (qui sert aussi d’outil pédagogique pour une dizaine d’apprenants au centre de détention de Melun). Pour cela nous avons reçu le soutien de la Fondation Numberly. Nos vidéos sont également hébergées sur vimeo, les podcasts sur soundcloud ainsi que d’autres plateformes de diffusion. Tous les autres contenus seront hébergés sur notre plateforme web “De l’autre côté”. Au total nous voulons produire 8 épisodes, en suivant les 8 R : refuser, réduire, réutiliser, réparer, restituer à la terre, recycler, revoir la conception, repenser le modèle.

A quelle date le premier épisode de la série « Zéro Déchet » sera t-il disponible ?

La plateforme sortira au plus tard mi-avril 2020. Donc le premier épisode sur le thème “Refuser”, qui comprend une vidéo de 12 minutes, deux articles, une illustration originale, des photos et un podcast audio sortira au même moment. Mais dès le mois de mars nous participons à des événements/projections où le premier épisode vidéo sera montré au public. Pour suivre l'actualité de ces événements vous pouvez rejoindre notre page Facebook https://www.facebook.com/autruchesutopistes/​ (nous postons également tous nos événements à Bordeaux sur ​https://gironde.demosphere.net/​).

Quel public visez-vous ? Avez-vous pour idée d'interpeller les collectivités, les élus ou d'autres acteurs pour les sensibiliser au « Zéro Déchet » ?

Tout à fait ! Le public que l’on vise, notamment pour notre podcast, ce sont des acteurs locaux, élus, conseillers municipaux, directeurs et directrices d'écoles, responsables associatifs, professeurs etc. L’objectif est de faire remonter des bonnes pratiques et des réflexions aux personnes qui sont déjà engagés (dans le social, l'éducation, la politique) et qu’ils puissent voir le zéro déchet comme un outil collectif de changement mais surtout de coopération et de co-construction.

Avez-vous des conseils ou des exemples à donner en matière de « Zéro Déchet » ?

Il y a plein de bons exemples du côté de certaines mairies comme Grande-Synthe. Nous avons eu la chance d’interviewer son ancien maire Damien Carême. La ville a mis en place une université populaire, ils donnent des cours et forment au zéro déchet (comme faire ses propres produits ménagers) en montrant que c’est bon pour la santé, plus économique et écologique. Ils ont ouvert une bricothèque, comme une bibliothèque mais pour les outils. Ils veulent construire des habitats collectifs avec machines à laver collectives et en gestion par les constructeurs (comme les ascenseurs, donc sans obsolescence programmée). Il n’y a pas de barquettes en plastique à la cantine parce que tout est fait sur place et en bio, avec compostage des déchets organiques. C’est d’ailleurs notre premier conseil : le tri et la gestion des déchets organiques. Beaucoup de jeunes entrepreneurs se sont lancés dans la création de service de collecte et gestion des bio-déchets (les Alchimistes, la tricyclerie, les détritivores etc). Maître composteur est un métier d’avenir ! Le zéro déchet n’est pas qu’une habitude et un mode de vie, ça peut aussi permettre à la création de nouveaux métiers, comme épicier vrac, initiateur de camion vrac ou drive vrac (comme zedrive en Nouvelle Aquitaine) ou réparateur de vélo, inventeur low tech, éco concepteur ou éco styliste etc. Le zéro déchet c’est aussi un magnifique outil éducatif pour sensibiliser sur le dérèglement climatique et le changement de société. Il faut pouvoir imaginer de nouveaux usages pour sortir de la propriété privée des objets et donc de la surconsommation. Le zéro déchet est un point de départ pour imaginer l’avenir.

Je vous remercie pour le temps consacré à répondre à notre interview.
A bientôt !
Clio

Pour plus d'informations sur l'association, consultez leur site internet https://autruchesutopistes.com/